La chantre ivoirienne Juliana de Rosaire , (Julie Bah à l’état civil) donne de la voix. Elle sensibilise la jeunesse africaine à se détourner des chemins non officiels de la migration. Dans l’interview qu’elle nous a accordé ce mercredi 27 novembre 2024, Juliana de Rosaire raconte son aventure tunisienne. « Dieu m’a appelée à le servir en chantant ses louanges, alors que j’étais en Tunisie. J’avais des propositions à traverser la Méditerranée pour rentrer en Europe, comme d’autres ressortissants d’Afrique subsaharienne partis chercher fortune. Lorsque l’un de mes proches m’a convaincue de me joindre au groupe, Je me préparais pour le voyage. Et j’ai entendu la voix de Dieu » explique t-elle.
Elle poursuit pour dire que Dieu lui a demandé ce qu’elle ferait des chansons et de l’œuvre qu’il lui a confiées. C’est alors que tout chamboule dans sa vie. « J’avais une inspiration devenue pressante à chanter pour Dieu, alors que je faisais le ménage pour des familles. Le Seigneur lui-même a disposé les cœurs de mes employeurs. De sorte que, quand je chantais pendant mon service, je pouvais voir la joie qui se lisait sur le visage de ces derniers. Et finalement je me suis ressaisie et laissée conduire par la voix qui me parlait. J’ai opté pour rentrer en studio et sortir mon album » raconte-t-elle.
Selon la chantre, le groupe d’aventuriers qui devaient partir avec elle pour Lampedusa aurait pris la mer dans une embarcation de fortune et aurait fait naufrage. « Celui même qui m’encourageait pour le voyage a vu sa femme sauter dans l’eau pour tenter de sauver son bébé qui y est tombé. Mais cette dernière et l’enfant se sont noyés. Ne pouvant pas supporter la scène, lui aussi s’est jeté dans la mer. Donc finalement, l’homme, sa femme et leur bébé sont morts noyés dans la Méditerranée, alors qu’ils espéraient trouver une vie meilleure au bout du voyage » témoigne-t-elle avant d’en déduire que certainement elle serait aussi morte si elle les avait suivis.
Chantre Juliana de Rosaire est finalement rentrée à Abidjan, à la faveur de la crise suscitée par la sortie du président tunisien Kaïs Saïed qui avait provoqué une chasse aux ressortissants subsahariens dans le pays, en février 2023. « Nous avons connu des moments de terreur. Mais la faute nous incombe, nous-mêmes noirs africains, qui débarquons chez les gens avec notre désordre urbain, et nos comportements violents. Il n’empêche, le peuple tunisien est accueillant et adorable » a-t-elle ajouté.
Et selon l’artiste, sa proximité avec les tunisiens justifie la création de son concept le debahou tunisien qui se veut le mélange des pas d’une danse de réjouissance wê avec une danse tunisienne. « Je chante à la gloire du Seigneur Jésus-Christ qui est le verbe, le logos. C’est la parole Créatrice de tout ce qui est. Et Jésus-Christ est aussi bien pour les juifs que pour les ivoiriens et les tunisiens. Le débahou tunisien n’est que le style de musique que j’ai choisi. Parce que c’est dans cet environnement culturel là que je vivais quand Dieu m’a saisie pour faire son œuvre » a expliqué Juliana de Rosaire tout en précisant que selon son inspiration il n’est pas exclu qu’elle emprunte d’autres genres musicaux pour louer Dieu.
Notons qu’elle réside pour le moment en Côte d’Ivoire et qu’elle participe à des évènements culturels sur invitation des promoteurs de spectacles. En marge de la promotion de son album de 14 titres dénommé Mon Blé Jésus Min (moi j’ai Jésus dans ma vie), Juliana de Rosaire apporte également son témoignage aux activités de sensibilisation de lutte contre la migration clandestine dans laquelle elle s’est engagée. « Notre combat est d’amener nos compatriotes à comprendre qu’on peut rester au pays, initier des projets et réussir. A défaut, celui qui veut migrer à l’étranger doit le faire officiellement en passant par les structures spécialisées qui garantissent un voyage sans problème. Autrement, l’aventurier peut mourir dans la traversée du désert tout comme celle de la Méditerranée » a-t-elle indiqué.
Jacques Gossan