Depuis le déclenchement de la guerre ouverte entre les troupes israéliennes et celles du Hezbollah, on assiste à un afflux importante de la communauté libanaise dans les pays ouest-africains. La Côte d’Ivoire qui compte la plus importante communauté libanaise d’Afrique est la destination prisée de ces libanais qui veulent échapper aux combats et aux risques qui en découlent. Entre-temps, la diaspora noire constituée essentiellement de jeunes femmes est livrée à elle-même avec très peu de moyens de se sortir de ce guêpier.
C’est la chaîne télévisuelle TV5 Monde dans un de ses derniers reportages sur la situation des civiles au Liban en guerre qui montre ces milliers de Libanais immigrant dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est le cas d’Issam Kachakech, journaliste libanais installé en Côte d’Ivoire qui, quelques semaines encore se trouvait au Liban où il visitait ses parents. Pendant plusieurs jours, il a vécu les bombardements incessants sur le sud du Liban. « Ce n’est pas facile. La guerre, on ne peut pas l’expliquer bien comme il faut tant que tu ne le vis pas. Il faut le vivre et quand tu vis la guerre, tu ne trouves pas les mots. C’est quelque chose d’insupportable », raconte-t-il depuis son retour à Abidjan de ce à quoi il a été confronté.
Les immigrés africains eux n’ont pas les moyens de rentrer chez eux
Fuyant l’escalade et les tensions dans leur pays ces dernières semaines, de nombreux Libanais affluent en Côte d’Ivoire. Ils sont pour la plupart chiites, la communauté la plus meurtrie par ce conflit, celle dont est issue le Hezbollah, la milice libanaise en guerre contre Israël. « J’ai dû changer mon université. Je suis maintenant ici à Abidjan. J’espère bien que cette guerre se terminera d’ici quelques jours par la grâce de Dieu », a souhaité une de ses émigrés qui a gardé l’anonymat devant les caméras de la chaîne de télévision française.
Pour cet autre ressortissant libanais interrogé devant la mosquée libanaise Al Ghadir de Marcory, cette guerre imposée à son pays d’origine est « une injustice commise envers tous les peuples. Qu’est-ce qu’on peut dire d’autre ? On voit le deux poids, deux mesures. On critique la Russie, mais on fait la même chose dans les pays arabes. Que voulez-vous qu’on dise ? C’est la loi du plus fort ».
La guerre dont les Libanais ne connaissent trop bien les rouages mais aussi la quête d’une vie meilleure, ont poussé des générations à venir s’installer en Côte d’Ivoire à tel point que cette communauté est devenue un poumon économique pour le pays. Selon la Chambre de commerce et d’industrie libanaise de Côte d’Ivoire, les Libanais pèsent aujourd’hui 8% du Produit intérieur brut (PIB).
« Lorsque ces Libanaise (ceux qui fuient la guerre actuelle ) vont émigrer, ça va améliorer l’économie en Côte d’Ivoire. Moi, je suis né au Sénégal et mes enfants sont nés ici en Côte d’Ivoire. Tu leur parles du Liban, tu leur parles de la Syrie, c’est le dernier de leurs soucis. C’est une génération pour qui le Liban ne leur dit plus rien », a indiqué à TV5 Monde Fayez Soudan, consultant économique. Pour information, ils sont aujourd’hui près de 100.000 Libanais à résider en Côte d’Ivoire.
LES RESSORTISSANTS OUEST-AFRICAINS PRIS AU PIÈGE PAR LA GUERRE AU LIBAN
Si les Libanais qui le peuvent et qui le souhaitent peuvent venir en Afrique de l’Ouest, surtout en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Cameroun et au Nigeria, ce n’est pas le cas pour la grande majorité des ressortissants Ouest-africains résidant au Liban en guerre. En effet, ces ressortissants africains, en grande partie des femmes et des jeunes filles, sont pris au piège au Liban. Et les réseaux sociaux détaillent les conditions difficiles de ses ressortissantes qui n’ont plus de papiers car bloqués par des employeurs esclavagistes et qui veulent qu’elles partagent leur sort alors que les Libanais fuient eux massivement pour se retrouver en Afrique de l’Ouest.
La toile bruit de ces nouvelles où Camerounaises, Éthiopiennes, Congolaises, Ivoiriennes ou Maliennes, allées surtout pour des métiers de servantes, trouvent portes closes dans des consulats gérés entièrement par du personnel libanais, puisque nos autorités ont démissionné même au plan diplomatique et déléguant cette attribution aux autochtones sur place.
Alors que les occidentaux déploient des moyens pour rapatrier leurs ressortissants, les nôtres sont bloqués par leurs patrons, qui dans les post sur les réseaux sociaux sont qualifiés d’esclavagistes des temps modernes même par les médias occidentaux. Parties au Liban, car aguichées par des promesses d’un salaire important qu’elles ne voient pas en général, les ressortissantes d’Afrique de l’Ouest se trouvent dans un guet-apens mortel avec ces bombardements massifs de l’armée israélienne. Elles appellent à l’aide, mais leur détresse ne trouve malheureusement pas écho auprès de nos gouvernants.
Pour rappel, il y a quelques années de cela, face à la maltraitance subie par des ressortissantes ivoiriennes au Liban, plusieurs autorités gouvernementales avaient demandé aux jeunes filles de faire preuve de vigilance devant des propositions d’emplois au Liban et dans des pays du Golfe arabique. Des cas d’esclavagisme et de prostitutions avérées étaient régulièrement dénoncés par plusieurs ONG et gouvernements occidentaux.
C’est donc l’occasion d’exhorter nos gouvernants à faire le nécessaire à l’image des pays occidentaux et du golfe afin de faire rentrer au pays, leurs ressortissants. C’est une question de vie ou de mort. En bon entendeur…
Dodo Wlapkè