• Les Avocats du prévenu jouent avec le feu
L’ancien Commissaire du gouvernement et procureur militaire, le contre-amiral Ange Kessi est appelé à témoigner dans l’affaire du faux général Lebahi, où un individu s’était fait passer pour un général d’armée accrédité par les Nations Unies en Côte d’Ivoire. Ainsi, les Avocats de la défense réclament Ange Kessi à la barre. Une procédure qui peut s’avérer dangereuse pour leur client, car l’ex-procureur militaire, selon certaines sources proches du dossier, se considère lui-même comme une victime du “faux” général.
Le général Lebahi se serait adonné à de nombreuses escroqueries en Côte d’Ivoire en se faisant passer pour ce qu’il n’était pas en réalité. Mais, ce que des Ivoiriens ne comprennent pas, c’est que Ange Kessi soit nommément cité dans des médias comme un ami ou proche du prévenu alors que « ce dernier a fréquenté de nombreux officiels tant militaires que civils dans le pays ». Et un des observateurs de l’actualité ivoirienne de poursuivre pour dire que « ce monsieur a fréquenté un Avocat général de la Cour Suprême. C’est d’ailleurs ce dernier avec la compagnie d’un homme de Dieu l’a accompagné dans une cérémonie. Pourquoi les médias qui parlent de cette affaire n’en font pas cas et se focalisent seulement sur Ange Kessi ? Est-ce parce qu’il est célèbre ? Pourquoi cite-t-on dans la presse ‘´Ange Kessi et un magistrat devant les tribunaux’´ pour cette affaire et on tait délibérément le nom de ce magistrat ? Ou bien ce dernier ne fait pas vendre de papiers », s’interroge cet observateur de la vie politique.
Questionné par la presse, l’ex-procureur militaire aurait refusé de s’exprimer arguant que le dossier se trouverait devant le tribunal. Des Ivoiriens connaissant bien la probité du procureur militaire continuent de s’interroger sur l’attitude des Avocats de l’inculpé qui ont demandé à citer l’ancien Commissaire du gouvernement à la barre. « Ces Avocats ont tendu une perche inespérée à Ange Kessi parce que beaucoup de personnes le pensaient complice de Lebahi. Ce sera donc l’occasion pour lui de démontrer qu’il n’a rien à voir avec les activités du prévenu. Car, il ne suffit pas de fréquenter quelqu’un pour dire qu’on est caution de tous ses agissements. Est-ce parce qu’on est ami ou collègue avec une personne qu’il est prouvé plus tard qu’il est un malfrat ou voleur nous oblige à répondre de ses vols ou acte malveillant parce qu’on le connaît ? Doit-on répondre de ses vols parce qu’on l’a une fois reçu dans le bureau », se demande notre source proche du dossier.
ANGE KESSI ATTEND D’ETRE CONVOQUE AU PROCES DE LEBAHI
Il faut dire que généralement dans un procès, lorsque les Avocats demandent qu’un témoin soit entendu, c’est qu’il s’agit d’un témoin à décharge. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un témoin dont le discours ou l’audition va arranger leur client. Alors pour la défense de Lebahi, le commissaire Ange Kessi par ses déclarations pourrait permettre l’acquittement de leur client. Cependant, selon nos enquêtes, ce n’est pas ce qui se dessine. C’est même l’inverse qui pourrait se produire. « Ce que dira Ange Kessi pourrait aggraver la situation du prévenu », prévient notre source qui a requis l’anonymat. Et de prévenir : « les Avocats de la défense doivent faire beaucoup attention ».
Dans un reportage sur une chaîne télévisuelle ivoirienne ( NCI) on avait entendu le commissaire du gouvernement dire être très remonté contre le général Lebahi. Ce dernier avait tenu des propos qui allaient contre sa notoriété. « Ange Kessi est vraiment remonté contre ce type. Il avait même voulu porter plainte. Et c’est un homme très en colère contre Lebahi que ses Avocats veulent appeler à la barre pour sauver leur client ? Cela me semble suicidaire », a assuré notre source. Il nous a dit ne pas comprendre la démarche de ces Avocats puisque le contre-amiral Ange Kessi n’a plus caché sa réversion ou sa répulsion depuis que la personnalité de Lebahi a été mise à jour. En effet, selon son entourage, Ange Kessi se dit victime car il a fait confiance en Lebahi à tel point qu’il a accepté de parrainer les élèves de ce dernier. Alors que toute les autres écoles qu’il avait parrainées au préalable l’ont rehaussé. Ce parrainage de l’école de Lebahi a, au contraire sali sa réputation. Lors de ce reportage où il a été très bref, Ange Kessi avait dit qu’il se réservait le droit de porter plainte contre ce monsieur qu’il ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve, mais qui est venu le solliciter comme parrain. « Il a accepté comme il a l’habitude d’apporter sa contribution à la formation de notre jeunesse. Ange Kessi a dit qu’il se réservait le droit de porter plainte contre Lebahi et de réclamer un préjudice moral », a soutenu notre source. Selon ces propos, les Avocats du prévenu n’auraient apparemment pas envie que leur client s’en sorte en réclamant l’ancien procureur militaire à la barre. Le risque pour la défense, c’est que M. Ange Kessi au lieu d’être un témoin à décharge pourrait être un témoin à charge.
Olivier Guédé