La GIZ, en collaboration avec le CEA-MEM, a lancé un atelier de formation destiné à dix (10) journalistes d’investigation à l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB) du 22 au 26 juillet 2024. Ce fut l’occasion pour eux de faire une immersion au cœur des conséquences de l’orpaillage illicite et de s’imprégner des réalités de l’orpaillage semi-industriel. Notre reportage…
Après plusieurs jours de cours de renforcement de capacités sur l’utilisation des données publiques issues du secteur minier, les dix (10) journalistes ont quitté les salles de cours climatisées de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB) pour cette fois-ci prendre langue avec ‘’le théâtre des opérations’’.
C’est d’abord dans la bourgade de Koudougou non loin de la ville de Bouaflé, que les journalistes d’investigation mettaient les pieds pour la première fois pour découvrir les affres de l’exploitation de l’or sur l’environnement immédiat de l’homme.
Des conséquences désastreuses sur l’écosystème avec la pollution des cours d’eau qui se déversent allègrement aux yeux de tous dans le fleuve Bandama. Avec pour corolaire la dégradation et l’appauvrissement des espaces agricoles que tente tant bien que mal de ‘’restaurer et valoriser’’ avec les moyens du bord, l’ONG Agir pour l’Environnement dans les Institutions Extractives (AEIE).
DE VERITABLES DEFIS POUR l’ONG AEIE
Un challenge véritable pour Patrice Ebah, l’un des membres fondateurs et chargé des affaires juridiques et de la coopération avec son équipe de l’ONG de s’investir dans la restauration et la gestion durable des terres appauvries par l’orpaillage, afin d’augmenter les rendements agricoles en réduisant la dégradation des terres pour les paysans. Ce, à travers un projet promoteur.
En 1 an et 8 mois de travail, l’ONG AEIE a montré ses preuves sur le site pilote de Koudougou. La restauration des écosystèmes et les solutions fondées sur la nature achèvent de convaincre qu’elles apportaient d’innombrables avantages aux communautés impactées par l’orpaillage sauvage. En plus de la culture du haricot et de l’arachide, des vergers de cacaoyers et des bananiers sortent de terre, un peu partout sur les sols restaurés par cette ONG composée de braves femmes et d’hommes qui ont tourné dos à l’orpaillage clandestin grâce aux efforts conjugués de Sacko Groupe.
Raison pour laquelle l’ONG Agir pour l’Environnement dans les Institutions Extractives connaissant les bénéfices de la restauration de la nature pour l’agriculture, la pêche et la sécurité sociale, en a fait son cheval de bataille. Sur le site pilote de Koudougou, l’on a eu droit à la visite d’étends pour la conservation et l’élevage de poissons qui seront commercialisés sous peu. Les moyens ne suffisant pas, Patrice Ebah membre fondateur de l’ONG AEIE a lancé un ‘’sos’’ à l’endroit de l’Etat Ivoirien. «Nous avons besoin d’un soutien financier accumulé pour mener à bien cette réhabilitation», dira-t-il. Il s’est ensuivi une visite guidée sur un site abandonné par les orpailleurs clandestins. Prenant une photo pour illustrer son passage sur ce site abandonné, votre reporter s’est retrouvé les deux pieds liées jusqu’aux genoux dans du sable mouvant. Dieu merci qu’il y a eu plus de peur que de mal.
GROUDJI AVEC ESPOIR MINING
Après l’étape de Koudougou, cap fut mis sur Groudji où l’équipe de l’organisation nationale des journalistes d’investigation de Côte d’Ivoire a été reçue avec tous les honneurs par Seydou Abdul le gérant d’Espoir Mining. Une visite guidée sur le site de cette entreprise semi-industrielle a nous permis de comprendre la chaîne d’exploitation de l’or du début jusqu’au produit fini. La phase d’extraction, la phase de transport, la phase de stockage, la phase de concassage, la phase de laverie et de concentration et la dernière étape qui est celle de la vente d’achat du produit fini. Et le gérant d’Espoir Mining de préciser que la vente de l’or se fait sur place avec toutes les garanties de sécurité. En plus de la présence de vigiles, Espoir Mining bénéficie de la sécurité renforcée des éléments de la gendarmerie nationale qui veillent au grain.
L’extraction de l’or semi-industrielle
A Espoir Mining, on retrouve également de nombreux adultes (hommes et femmes) qui y travaillent durablement pour subvenir à leur pitance. Ces hommes et femmes sont recouverts de poussière de roche aurifère broyée dans des machines de concassage.
Tout cela se passe dans un décor assourdissant de vrombissement de moteur de machines que l’on retrouve un peu partout installées sur l’espace réservé au comptoir en plein milieu du site. Seydou Abdul bien conscient de la dégradation de la nature a fait venir des pépinières d’arbres en vue de procéder à un reboisement après chaque passage pour redonner vie à la nature. Il prévoit dans un futur proche la construction d’un centre santé qui sera dirigé par un infirmier diplômé d’état. En attendant, Seydou Abdul a installé une boîte à pharmacie pour des soins primaires. Les malades et autres victimes d’accident de travail sont évacuées sur l’hôpital général de Djékanou.
Cette session de formation très enrichissante du GIZ et du CEA-MEM sur les enquêtes d’investigation dans le secteur minier avait pour objectif principal de renforcer les capacités de dix (10) journalistes afin de mener des enquêtes d’investigation approfondies et rigoureuses. Contribuant ainsi à une meilleure transparence et gouvernance dans le secteur minier et à travers les investigations à l’amélioration des revenus issus du secteur minier et au développement communautaire.
Dosso Villard
Légende : La recherche de l’or de façon artisanale