Le mardi 15 octobre 2025, M. Soumahoro Farikou, maire de la commune d’Adjamé, était au devant des engins de démolition qui sont allés casser et détruire le centre sportif et commercial international sis au Carrefour Indénié, face au groupe de presse Fraternité-Matin. Un Centre dont la construction avait été négociée en 2015 entre le District d’Abidjan et la société Label International appartenant à l’opérateur économique ivoirien, Koné Mamadou. Indigné, Koné Mamadou a animé une conférence de presse le mercredi 16 octobre au siège de sa structure située à Cocody-Angré afin de dénoncer un abus de pouvoir et une tentative de s’approprier un bien dont la gestion lui avait été confiée par des conventions dûment signées.
C’est en mai 2015 que la ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme- dans le cadre du projet Paris-Cotonou-Abidjan sollicite un aménagement sur le titre foncier TF n° 5823 d’une superficie de 8232 m2, devant accueillir un ensemble de bâtiments et d’équipements sis au carrefour Indénié, face au groupe de presse Fraternité-Matin. « Il s’agissait d’accorder exceptionnellement une autorisation d’aménagement pour la construction des bâtiments et équipements conformément aux limites définies par un extrait topographique. Cet aménagement comportait un terrain de football, un terrain de basketball, un terrain de handball, des vestiaires, quatre (04) kiosques, une conciergerie, un restaurant, quatre (04) blocs sanitaires, quinze (15) locaux poubelles et un lavage automobile », a indiqué Koné Mamadou. Il a souligné que le terrain où devait se faire l’aménagement était vraiment difficile à travailler car, il s’agissait d’une vieille déchèterie et le terrain était situé sur des bassins profonds qui faisaient qu’à chaque pluie intense, le site était complètement inondé.
C’est donc le 18 février 2016, qu’une Convention d’aménagement est signée entre le Gouverneur Robert Beugré Mambé pour le compte du District d’Abidjan, propriétaire du site et Koné Mamadou PDG de la société Label International chargée de l’aménagement.
LA MAIRIE NE PENSAIT PAS QU’IL ÉTAIT POSSIBLE DE REMBLAYER LE SITE
M. Koné rappelle qu’à cause de la complexité du site en question, il savait que beaucoup de personnes ne le pensaient pas capable de l’aménager conformément à la consistance des travaux. Le conférencier a rappelé que les travaux portaient sur : le terrassement et l’évacuation des eaux ; la construction de clôture ; la réalisation des plateaux sportifs mentionnés plus haut ; la construction de vestiaires ; la construction de 8 kiosques ; la construction d’une conciergerie ; l’éclairage du site ; l’installation de bancs publics en béton ; la construction d’un restaurant ; la construction d’un lavage auto.
Ainsi, les deux parties devaient faire face à des obligations bien précises. Le District d’Abidjan s’engageait à : obtenir et fournir à la société Label International, tous les documents administratifs pour la bonne exécution des travaux de mise en valeur du site ; ne rien faire qui puisse compromettre ou perturber la bonne marche de l’aménagement ; faciliter l’accès du site à Label Inter ; accorder à la fin de l’exploitation, un droit de préférence à la Label International sur la location des ouvrages réalisés.
De son côté Label International s’est engagée à : financer entièrement les travaux ; réaliser selon les règles en vigueur en matière d’urbanisme et de construction, les travaux d’aménagement du site ; ne pas céder, ni subroger des tiers dans tout ou partie de ses droits découlant de de la présente convention, sauf autorisation expresse et écrite du District Autonome d’Abidjan dans les conditions et limites prévues par le cahier des charges ; fournir à ses propres frais et risques les installations et services nécessaires pour la sécurisation du site ; garantir la qualité des ouvrages à réaliser ; contracter des polices d’assurance pour couvrir sa responsabilité civile ; fournir régulièrement des rapports sur l’avancement des travaux ; transférer au District Autonome d’Abidjan, à la fin de la présente convention, en bon état de jouissance, les ouvrages réalisés.
Au niveau de l’exploitation, l’Article 11 de la convention indique bien : « Une fois les travaux achevés, les ouvrages réalisés seront exploités, entretenus et gérés par la société Label International qui recouvre les loyers et autres frais d’usage des installations. Les prestations de Label Inter sont supervisées et contrôlées par le District d’Abidjan ou son représentant ».
Ce sont des investissements de plus de 317 millions FCFA que Koné Mamadou et ses amis ont mis en œuvre afin de réaliser les travaux. « Nous avons trimé car le terrain était impraticable à cause des bassins d’eaux. Ce sont des tonnes et des tonnes de sables que nous avons utilisées pour réussir, là où je pense que le maire Farikou Soumahoro prédisait notre échec. D’où sa surprise de constater que mon équipe et moi avons réussi », a déclaré le patron de Label International.
POURTANT LA MAIRIE D’ADJAMÉ A ÉTÉ IMPLIQUÉE DÈS LE DÉPART DANS LE PROJET
D’où vient le fait que la mairie d’Adjamé s’arroge le droit d’être propriétaire du site en question en 2024, alors que le projet a été lancé en 2015 et que la mairie a régulièrement pris par au travaux ? C’est là, une des préoccupations posées par le conférencier. En effet, dans le cadre du projet Paris-Cotonou-Abidjan, la mairie d’Adjamé a délégué du personnel qui a pris part à deux formations l’un à Cotonou au Benin et l’autre à Abidjan. « Ce projet montre comment les élus locaux peuvent trouver des mesures dans le cadre des aménagements des eaux usées dans leur commune. Il y a eu des correspondances avec la mairie d’Adjamé et nous sommes étonnés aujourd’hui que le maire nous dise qu’il n’a sait pas de quoi il s’agit », a dénoncé M. Koné Mamadou. Il affirme que la mairie d’Adjamé a participé aux différentes formations. « La première a eu lieu à Abidjan du 10 au 14 décembre 2012 et le thème portait sur ‘’ l’élaboration et la mise en œuvre, évaluation, capitalisation et communication sur les projets d’aménagement des espaces urbains vulnérables’´ », a précisé M. Koné. La deuxième formation a laquelle a participé la mairie d’Adjamé s’est déroulée à Cotonou du 24 février au 08 mars 2013, avec pour thème : « La planification territoriale intégrée et de balise opérationnelle ». À toutes ses formations, la mairie d’Abidjan était présente avec celle de Cocody qui fait aussi partie du projet pilote, même si le site dédié à l’opération dans cette commune n’a pas encore vu le jour.
La troisième formation a eu lieu à Abidjan du 24 février au 06 mars 2024 avec la participation de la municipalité d’Adjamé. Toutes ces formations ont permis de comprendre les étapes de la mise en valeur du site à l’Indénié et c’est un cabinet français, associé à l’Université Territoriale d’Abidjan, qui a délivré les différents modules de formation.
« Nous nous étonnons du fait que le maire d’Adjamé puisse dire qu’il n’est pas informé des tenants et aboutissants de ce projet alors qu’il a même eu une correspondance lorsqu’il a été élu en 2014. Tous les documents afférents au projet et à l’aménagement du site lui ont été remis », indique M. Koné Mamadou.
L’OPÉRATEUR VEUT ÊTRE DEDOMMAGER SELON LES TERMES DE LA CONVENTION
« Je suis un homme blessé dans son âme. La mairie d’Adjamé a attendu que je finisse de viabiliser ce site qui autrefois était inexploitable, pour aujourd’hui venir nous dire qu’il s’agit d’un espace lui appartenant », a regretté le PDG de Lebel International. Pour lui, il s’agit d’un projet qu’il a conduit par amour et par patriotisme qu’il a porté ce projet. Il voulait ainsi permettre à son pays de suivre l’exemple du Bénin qui a aménagé un site tout aussi difficile que celui du carrefour Indénié. Il a indiqué que la Côte d’Ivoire sortait d’une crise difficile et les financiers internes ne se précipitaient pas pour ce genre de projet qui devait être in fine visité par Mme Anne Hidalgo, maire de Paris. « Il y allait du prestige d’Abidjan et nous voulions relever ce défi. C’est pourquoi, environ 317.500.000 ont été investis pour l’aménagement du site », a-t-il précisé.
Un site auparavant, qui selon Koné Mamadou, était un repaire de bandits, un coupe-gorge pour les indélicats qui avaient la malchance de passer là-bas dans la nuit. « Aujourd’hui, la zone est électrifiée, propre et sécurisée et c’est maintenant que le maire Soumahoro Farikou se rappelle que la mairie en est le propriétaire. Où était- quand la zone n’intéressait personne car, régulièrement inondée à la moindre pluie », s’interroge l’homme d’affaires. C’est pourquoi, il dit que le District d’Abidjan avec qui il a signé la convention serait saisi incessamment afin de se prononcer sur l’affaire.
LA MAIRIE A DÉTRUIT LE SITE APRÈS AVOIR ENCAISSÉ LES ODP
Le conférencier a dénoncé plusieurs incongruités dans la procédure de destruction des infrastructures construites sur le site carrefour Indénié. « M. Soumahoro Farikou a encaissé un an pour les ODP (occupation du domaine public). La mairie recevait toutes les taxes inhérentes à des activités commerciales », a révélé Koné Mamadou. Et autre incongruité qu’il a dénoncé, c’est que la mairie a dressé des mises en demeure aux commerçants sans en adresser à l’opérateur qui a la gestion du site en question. « Soumahoro Farikou nous a laissé faire le sale boulot, car l’espace traité était pratiquement impossible à aménager. Quand il s’est rendu compte que nous avons réussi à force de détermination, de travail, d’investissements humains, financiers et matériels, il est arrivé opportunément nous enlever le fruit de notre dur labeur », a dénoncé le PDG de Label Inter.
Cependant, Koné Mamadou a décidé de n’a pas se laisser faire. C’est ainsi que son service juridique s’est mis à pied d’œuvre dans le but de faire dédommager son client. Des correspondances ont été adressées au District Autonome d’Abidjan avec qui une convention a été signée. La société Label Inter a manifestement respecté sa part dans le protocole d’accord qui les liait, quant au District qui devait garantir la tranquillité de l’opérateur, de son exploitation du site et de la viabilité du projet, il n’a pas au vu et au su de tous assuré sa part.
Les conséquences au plan judiciaire seront tirées et le droit devra être donc dit dans cette énième affaire que traîne le maire Soumahoro Farikou.
SOUMAHORO FARIKOU : « LE SITE APPARTIENT BEL ET BIEN À NOTRE COMMUNE »
Le maire d’Adjamé a réagi sur cette affaire dans le journal Le Nouveau Réveil N° 6719 du vendredi 18 octobre 2024. Voici ces propos tenus chez le confrère : « (…) ce projet est celui de la réalisation des aires de jeu dans quatre (04) communes (…) À travers la Mission de coopération d’Actions culturelles, l’on peut dire que ces complexes sont des patrimoine appartenant aux différentes communes bénéficiaires », a-t-il rappelé. Poursuivant ces propos, Soumahoro Farikou a indiqué « le site en question appartient bel et bien à notre commune ». Le maire s’est appuyé sur la nouvelle loi portant sur sur les collectivités pour renforcer sa posture et sa position. « La nouvelle loi sur les communes dit que tout ce qui est patrimoine dans une commune appartient à la commune et non au District d’Abidjan. Ce n’est pas un site qui appartient qui appartient au District d’Abidjan. J’ai écrit au District pour lui dire qu’il ne pouvait pas signer une convention sur un site qui ne lui appartient pas. J’ai approché le promoteur pour lui signifier qu’il occupe un site qui ne lui appartient pas. Il m’a répondu qu’il avait une convention avec le District d’Abidjan. Je lui ai dit que cette convention est caduque parce que ce site n’appartient pas au District d’Abidjan », a précisé le maire dans ce quotidien. Poursuivant son analyse, Soumahoro Farikou a tenu les propos suivants : « lorsqu’on regarde bien son contrat (NDLR : du promoteur), il est fait pour cinq (05) ans et nous étions en 2016. Aujourd’hui, nous sommes en 2024. Le contrat dans son article 11 Alinéa 3 dit qu’après la première année de gestion sur la base du compte d’exploitation, un avenant sera signé entre le District d’Abidjan et Label International déterminant la durée d’exploitation qui ne doit pas être inférieure à cinq (05) ans. On est en 2024, cela fait pratiquement 9 ans. Lorsque je suis arrivé en 2018, j’ai envoyé une mise en demeure en 2019 après la lettre que j’ai adressée au ministre-gouverneur d’alors (…). Le 14 octobre 2024, j’ai envoyé une autre mise en demeure et je suis passé à l’action ».
Soumahoro Farikou dit qu’il compte réaliser trois(03) terrains synthétiques sur le site en question avec un espace pour les manifestations et les meetings.
Olivier Guédé
ATTENTION, TOUS LES ESPACES LITIGIEUX À ADJAMÉ DANS LE VISEUR DU MAIRE
Soumahoro Farikou l’a dit dans sa réponse donnée à nos confrère du Nouveau Réveil, la nouvelle loi sur les communes lui donne autorité sur tous les espaces encore libres dans sa commune. « La nouvelle loi sur les communes dit que tout ce qui est patrimoine dans une commune appartient à la commune et non au District d’Abidjan », dixit Soumahoro Farikou. Ce qui veut dire que dans l’entendement du maire, il suffit qu’un espace soit sur sa commune pour être sa propriété, même s’il n’a aucun document pour le prouver et même si les autres ont des papiers qui prouvent le contraire. La nouvelle loi sur les communes lui en donne tous les droits, voilà. Et tant pis si des contrats ont été signés avec des propriétaires terriens et des particuliers ou entre le District d’Abidjan et des structures. Soumahoro Farikou s’est arrogé le droit de prendre, s’il le faut par la force, les rares espaces encore existants à Adjamé. Il n’a que faire des conventions, des ACD, des documents administratifs ou autres, une loi lui donne tous les droits de déposséder les uns et les autres à sa guise. Et ce n’est pas la famille Khalil qui dira le contraire, elle qui fait face à des assauts constants du maire sur leurs biens immobiliers situés à Adjamé-Macaci depuis que ce dernier est à la tête de cette commune.
M. Koné Mamadou a décidé d’ester en justice, afin de récupérer les importants investissements qu’il a déployés pour aménager le site aujourd’hui détruit et saisi par le maire d’Adjamé. Un procès de plus auquel Soumahoro Farikou va faire face. Ça fait bien beaucoup pour un élu du peuple.
Dodo Wlapkè