Le ministère de l’Enseignement a donné jusqu’au 5 octobre 2024 aux étudiants qui occupent illégalement les chambres des cités universitaires pour quitter les lieux. Une décision qui intervient quelques jours après des arrestations au sein de la Fédération estudiantine et scolaire du pays (FESCI) et la mort d’un des membres de la FESCI. À la cité universitaire Mermoz, les étudiants sommés de partir déplorent le manque de solutions d’hébergement.
Les étudiants qui occupent illégalement les chambres des cités universitaires sont sommés de quitter les lieux. Initialement, ils avaient jusqu’à jeudi midi pour évacuer. Mais le ministère de l’Enseignement supérieur leur accorde un délai supplémentaire de deux jours pour récupérer leurs affaires. Passé ce délai, des expulsions manu militari sont prévues pour ce samedi 05 octobre 2024.
Cette décision intervient après l’arrestation de six responsables de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), dont son Secrétaire général, Sié Kambou, dans le cadre d’une enquête sur le meurtre d’un étudiant.
CERTAINS D’ENTRE EUX N’ONT NULLE PART OÙ ALLER
Pris de court, des dizaines voire des centaines d’étudiants logeant dans les résidences universitaires à Port-Bouët, Adjamé et Cocody sont pour beaucoup, ainsi livrés à eux-mêmes.
Dès les premières heures après les consignes de déguerpissement du ministre de l’Enseignement supérieur, plusieurs dizaines d’étudiants, sacs au dos, valises en mains, ou encore matelas sur la tête, désertent la cité universitaire Mermoz, à Cocody. Une cité de plus de 650 chambres. Ils occupaient les lieux sans l’accord de la tutelle.
C’est le cas de cet étudiant en Master 2 de pharmacie et deux de ses camarades de chambre. « Nous sommes venus ici grâce à la FESCI, à qui nous avons versé une somme », assure-t-il. « Aujourd’hui, on nous demande de partir. Certains d’entre nous n’ont nulle part où aller. On se réfugie chez des tuteurs trouvés en urgence », dit-il.
Pour ces étudiants, l’ultimatum qui leur est accordé est court. Ils pointent également du doigt le manque d’infrastructures pour les hébergés. « D’autres n’ont pas de parents à Abidjan », souligne un autre étudiant. « Ils ont été orientés, ils n’ont vraiment rien et ils sont obligés de venir en cité universitaire pour pouvoir se débrouiller. S’ils ne restent pas dans les cités, ils vont dormir dans les amphithéâtres où ils vont dormir dans de mauvaises conditions. Il y a des cités universitaires. Mais elles ne sont pas assez pour loger tout le monde», poursuit-il.
Dans un communiqué, le ministère de l’Enseignement supérieur annonce qu’un nouveau processus de répartition dans les logements sera enclenché une fois cette opération terminée.
CÔTE D’IVOIRE, PAYS DES DÉGUERPISSEMENT SAUVAGES
Un autre processus de Déguerpissement qui, cette fois-ci, touche des étudiants illégalement installés par la FESCI qui encaissait des loyers à la place des structures étatiques dédiées à cette tâche. Profitant du malheureux incident qui a coûté la vie à un membre de cette organisation estudiantine et scolaire, le gouvernement a décidé d’assainir les lieux. Et quand on dit assainissement en Côte d’Ivoire , on a trop souvent recours à des déguerpissements sauvages qui, sans état d’âme, frappent sans discernement, sans solutions palliatives.
Il faille craindre que cette opération touche aussi des étudiants en plein droit. Car, elle a été décidé très rapidement et il serait douteux qu’entre-temps les autorités des infrastructures estudiantines aient déjà établies un listing des concernés et leurs lieux de résidence.
Il est à parier que ces ‘’parias’’ n’auront pour certains d’entre eux que le choix de squatter des amphithéâtres ou autres salles de classes. C’est déplacer un problème pour en créer un autre ailleurs. Comme le dit l’adage, wait and sée.
Olivier Guédé
Photo légendée : Des étudiants en train d’évacuer une résidence universitaire suite à l’injonction de leur ministre de tutelle.