° Le ministère de l’Education délègue en urgence des émissaires pour éteindre le feu
Dans l’une de nos éditions passées, nous relations l’action des élèves et des parents du collège moderne de l’aéroport qui, le mardi 24 septembre dernier, avaient bloqué l’accès de cet établissement scolaire afin de protester contre le fait qu’il manque 20 professeurs, surtout dans les matières spécifiques pour prodiguer les enseignements nécessaires aux élèves. Et bien, ce jeudi 26 septembre 2024, soit deux (2) jours après leur coup d’éclat, les parents et leurs progénitures ont remis le couvert. Un blocage total de l’école se tenait ce jour et ce, selon les manifestants, jusqu’à nouvel ordre. Une situation qui a obligé le ministère de l’Education et de l’Alphabétisation à dépêcher, en urgence, des émissaires afin de négocier avec protestataires.
A la différence de la manifestation du mardi dernier où quelques enseignants et personnels de l’établissement avaient pu avoir accès aux locaux, cette fois-ci, les manifestants se sont assurés que le collège moderne de l’aéroport dans la commune de Port-Bouët soit complètement paralysé. En effet, dès 5 h du matin, les parents- qui en amont s’étaient déjà fait passer le mot- ont bloqué la seule voie d’entrée à l’aide de leurs véhicules. Personne ne pouvait donc avoir accès aux lieux ce jeudi 26 septembre 2024 et il n’y a donc pas eu cours.
C’est M. Gnamien, parent d’élève et l’un des meneurs du mouvement qui a expliqué les raisons de cette nouvelle manifestation de colère. « Nous sommes encore ce matin au collège moderne Port-Bouët aéroport. Nous étions ici le mardi dernier et nous sommes revenus ce jeudi parce que nous n’avons pas eu de suites favorables à notre requête. Nous parents d’élèves de cet établissement avons offert des dons par rapport à la pénurie d’enseignants. Ces dons devaient servir à engager des enseignants vacataires. Mais, la principale de l’établissement refuse que ces vacataires soient engagés. Et nous sommes allés également à la DREN A2 où les responsables ont refusé de nous recevoir. Nous sommes ce matin ici dans cette école pour interpeller Mme la ministre de l’Education pour qu’elle vienne nous aider à trouver une solution idoine à cette situation qui ne fait que trop durer », a supplié M. Gnamien.
Supplique réitérée par cette dame qui presqu’en pleur a demandé à Mme Mariatou Koné, ministre de l’Education nationale et toutes les personnes de bonne volonté à aider les élèves à avoir des professeurs. « Nos enfants dans cette école courent un grand danger, car ils sont bien souvent oisifs puisqu’ils ne suivent pas les enseignements aux heures des cours dont il n’y a pas de professeurs. Ils sont là, errant par-ci, par-là, on ne sait où. Ils deviennent des proies pour toutes les personnes mal intentionnées alors que l’école est sensée les protéger. Pardonnez, envoyez-nous des professeurs », a-t-elle plaidé.
DES PROFESSEURS AURAIENT ÉTÉ AFFECTÉS ET D’AUTRES SUIVRONT…
Face à cette situation de blocage, puisque le collège moderne de l’aéroport se trouve ainsi fermé de fait, le ministère de l’Education nationale a dépêché une délégation de la Direction régionale de l’éducation nationale de la zone d’Abidjan 2 (DRENA 2) pour écouter cette fois-ci les préoccupations des parents. Cette délégation était conduite par Mme Lekpeli, la DRENA 2, de M. Coulibaly sous- directeur de la Direction des ressources humaines, de M. Diomandé, secrétaire général chargé des COGES (Comité de gestion des établissements scolaires) et de M. Kahan, coordonnateur régional du COGES.
Lors de ces entretiens avec les parents d’élèves, la délégation du ministère de l’Education nationale a expliqué qu’elle a réussi à affecter déjà deux (2) professeurs et que quatre (4) autres enseignants seraient en voie de suivre. Promesse leur a été aussi faite que dans le mois de janvier, une troisième vague d’enseignants sera affectés à la dite école. Aussi, la délégation du ministère a-t-elle demandé aux parents d’élèves de permettre la reprise des cours puisque des solutions sont en voies d’être déployées.
Les parents d’élèves ont d’abord salué la démarche du ministère avant de déplorer le déficit de communication au niveau de la Principale dont ils ont fustigé l’attitude hautaine. Ils se sont réjouis des premières mesures mais, ils ont aussi réclamé que diligence soit faite afin que ces mesures ne soient pas des promesses creuses. Les parents présents se sont retirés en promettant de rendre compte à leurs mandants (l’ensemble des parents d’élèves) afin d’en tirer les conclusions qui s’imposent quant à l’effectivité des solutions annoncées par le ministère de l’Education nationale.
Au final, les cours reprendront probablement le lundi 29 septembre prochain sous réserve de la matérialisation des promesses faites par les délégués du ministère de l’Education nationale. Les parents ont rappelé à cette délégation n’avoir pas oublié qu’après avoir affecté deux (2) professeurs l’année dernière, suivies de la promesse de nouvelles affectations, plus rien n’est venu. Ils redoutent, la répétition de ce scénario une fois leur mobilisation relâchée. C’est pourquoi, ils ont indiqué aux envoyés de Mme Mariatou Koné, qu’ils seront jugés sur leurs promesses et que s’il était nécessaire, ils prendront de nouveau les mesures nécessaires pour l’avenir de leurs enfants.
Quant à Mme Lekpeli, elle les a rassurés que son bureau leur est désormais grandement ouvert par rapport à toute leurs préoccupations et qu’elle ne ménagera aucun effort pour régler définitivement la question de la pénurie d’enseignants au sein du collège moderne de l’aéroport.
Affaire donc à suivre…
Olivier Guédé
Photo légendée : Parents et élèves ont été fortement mobilisés ce jeudi devant le collège moderne de l’aéroport.
ENCADRÉ
PÉNURIE CHEZ LES UNS ET ABONDANCE CHEZ LES AUTRES
La proportionnalité en enseignants est une question sur laquelle le ministère de l’Education nationale doit se pencher sérieusement. Il est vrai que le manque d’enseignants dans les établissements publics est un problème général sur l’ensemble du territoire national, mais on s’explique alors difficilement que certains collègues et lycées surtout à Abidjan aient un surplus d’enseignants. Cela est carrément aberrant quand on voit qu’un collège public comme celui du collège moderne de l’aéroport a un déficit de 20 enseignants, surtout dans des matières spécifiques comme le français, les mathématiques, l’anglais et les sciences physiques ou naturelles. Cet élève de la classe de 5e 2 dudit collège – qui interpelle Mme le ministre en disant que leur classe manque de trois professeurs en anglais, mathématiques et français – pointe du doigt la situation. Surtout comme nous l’a révélé l’une de nos sources, que certains lycées à Abidjan ont un surplus d’enseignants. Selon notre informateur, des enseignants dans ces lycées n’ont qu’entre 4 et 5 h de cours par semaine alors que d’autres établissements n’ont pas de professeurs toute l’année dans certaines matières scolaires.
Pire, des établissement sont ainsi obligés d’attribuer des moyennes tout à fait fantaisistes à des élèves dans des matières où ils n’ont jamais eu de cours pendant l’année scolaire. Ce, pour ne pas arrêter les financements venant de nos partenaires au développement qui verraient d’un mauvais œil que leurs investissements pour une école de qualité n’ont pas grand impact probant. C’est pour dire que l’école ivoirienne est un grand malade qui a besoin de remèdes de chevaux pour entamer une longue convalescence devant conduire à sa guérison. Rien n’est encore fait.